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dimanche, 22 décembre 2024

MACRON A MAYOTTE

Enfin un président qui se penche avec une infinie bienveillance sur les misères des misérables ! Aux habitants de Mayotte dévastée par le cyclone Chido, Emmanuel Macron a promis de reconstruire les bidonvilles. Je suggère à notre baudruche présidentielle de les reconstruire Á L'IDENTIQUE :

« Vous aurez les plus beaux bidonvilles de tout l'Océan indien !!! Rien à envier à Notre-Dame de Paris !!! Le monde entier enviera vos superbes bidonvilles et sera impatient de vous rendre visite  !!! Cinq étoiles dans Trip Advisor !!! On organisera une cérémonie internationale en très grandes pompes pour leur inauguration !!! Un grandiose bout de France bidonvillesque !!! ». 

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Journal Le Progrès, 20 décembre 2024.

***

Décryptage de l'enfumage.

Encore une promesse !!! Il ne peut pas s'empêcher. C'est plus fort que lui. C'est comme une colique. 

Qui ce Jupiter né à Lilliput croit-il encore abuser ? Il est vraiment bouché à ce point-là ?

Ben oui : à lire la série passionnante, pleine d'anecdotes et de détails croustillants de Raphaëlle Bacqué, Ariane Chemin et Ivanne Trippenbach sur les coulisses de l'empire macronique (je n'ai pas dit "macaronique") dans le journal Le Monde ces derniers et prochain jours (quatre épisodes), Emmanuel Macron est résolument indécrottable.

Son héritage ? Oh, pas grand-chose : il aura juste continué et contribué à enfoncer la France plus loin dans la crotte. 

A cette occasion, je me rappelle les paroles du général De Villiers, naguère chef d'Etat-Major de l'armée française limogé sur un coup de menton du président ("C'est moi le chef, toi tu obéis") : « Qu'est-ce que c'est, un chef ? Un type qui commande et qui donne des ordres. Mais il faut savoir s'y prendre. Quand le chef sort de la tranchée au moment de l'attaque, il faut au moins qu'il soit sûr que tous ses subordonnés le suivent ! Et que ceux-ci aient développé une grande confiance dans la personne et dans le projet » (propos reconstitués en substance).

Le chef, c'est celui (éventuellement doté d'un charisme personnel) qui sait créer la dynamique collective. Le chef, c'est celui qui s'efforce de faire adhérer tous ceux qu'il a sous ses ordres à l'idée qu'il porte, au projet qu'il a longuement mûri, à l'avenir commun qu'il envisage. Et qui a du savoir-faire pour y parvenir.

A cet égard, Macron n'est chef de rien du tout. Il détient dans sa seule tête toute la vérité du monde. Il ne se préoccupe pas de la répandre ou de la faire partager. Il veut juste l'imposer comme un oukase.

Désolé, monsieur Macron, mais à cet égard, vous êtes tragiquement incompétent. Pour espérer devenir un peu efficace, il faudrait que vous acceptiez l'hypothèse que d'autres que vous ont du talent, et pourquoi pas du génie. Talent et génie dont vous êtes le seul à rester convaincu d'être l'unique détenteur, et dont vous êtes, plus que tout autre, dépourvu.

***

Note : j'apprends que la population de Mayotte s'élève à 320.000 personnes. J'imagine que le chiffre est donné "à vue de nez", étant donné que le nombre des Comoriens (et autres ?) clandestins n'est établi que par estimation. Sachant cela, je consulte mon Petit Robert des Noms Propres, édition de 1995, qui indique une population de 85.000 individus.

Alors me vient une question : comment est-il possible qu'une population soit capable de quadrupler en trente ans ? C'est là que je ressens l'énorme absurdité de la "départementalisation", intervenue après un référendum posant la question de l'indépendance, sur l'ensemble de l'archipel des Comores. Comment se fait-il que ce caillou sec (la seule eau disponible est celle qui tombe du ciel, semble-t-il) soit devenu le point de ralliement où se concentrent autant d'humains dans des conditions moyennement humaines ? 

Je pose juste la question.

mercredi, 12 mai 2021

LA FLÈCHE DE NOTRE-DAME

Notre-Dame de Paris a brûlé un soir maudit d'avril 2019. Peut-être pas une malveillance caractérisée, peut-être une maladresse, une étourderie, un non-respect de la consigne de ne pas fumer, peut-être un problème sur les circuits électriques, allez savoir. Quoi qu'il en soit, tout le monde se souvient du moment le plus spectaculaire et le plus arrache-cœur : la chute de la flèche enflammée sur la voûte et la nef de la plus belle cathédrale que je connaisse.

Les pompiers ont éteint l'incendie, l'édifice a été désincarcéré de son inextricable échafaudage métallique en partie fondu, tout ce qui pouvait être consolidé a été consolidé et la nef a été à peu près nettoyée, bref : on a sauvé ce qu'on a pu sauver. Les compagnons, charpentiers ou tailleurs de pierre, se sont mis à l'ouvrage.

C'est alors que les débats ont commencé. Parmi les questions qui ont été soulevées (par exemple : faut-il restituer la couverture en plomb — 400 tonnes ?), je ne retiendrai que les bisbilles des architectes au sujet de la flèche. Je ne parle même pas de la querelle entre modernistes et "historicistes" (à l'identique ou en phase avec l'époque actuelle ?). Non, juste la question de savoir si c'est oui ou non Viollet-le-Duc qui a "inventé" de poser cette flèche sur la croisée du transept.

Autrement dit la flèche que nous connaissions résultait-elle du caprice d'un architecte, celui-ci fût-il génial ? Ou celui-ci avait-il quelque raison sérieuse de penser qu'un élément important manquait à l'édifice mondialement célèbre ? Questions cruciales. Au point que j'avais fini par me convaincre que, dans sa lubie de refonder le style gothique, dans sa manie de "faire gothique" (le mot, avec le sens que nous lui connaissons, date de son époque), c'est Viollet-le-Duc qui avait ajouté un ornement décisif à l'édifice. Or il se trouve que je viens de déterrer des rayons de ma petite discothèque un vieux vinyle qui garde les traces du concert qui a été donné dans la cathédrale à l'occasion de son VIII° centenaire.

Cela se passait en 1963. Au programme, des œuvres d'André Campra, Pierre Desvignes, Louis Vierne et Pierre Cochereau. Aux grandes orgues, le maître Pierre Cochereau en personne. Naturellement, ce n'est à aucune de ces dignes personnes que l'on demandera de répondre à mes petites "questions cruciales". Et je n'évoquerai aucune des musiques jouées ce soir d'avril 1963 (sans compter que le disque porte les rides de son âge).

FOUQUET J LA DESCENTE DU SAINT ESPRIT XV° ENLUMINURE.jpg

 En revanche l'illustration de la pochette m'a sauté aux yeux : elle reproduit une miniature du XV° siècle de Jehan Fouquet illustrant les Heures d'Etienne Chevalier, intitulée "la descente de l'esprit saint". L'ouvrage semble être conservé au Metropolitan Museum of Art de New York. Si certains avaient nourri des doutes sur la légitimité de l'action du controversé Viollet-le-Duc, il me semble que l'enluminure du peintre Jehan Fouquet apporte une réponse incontestable : il suffit de regarder pour voir que la cathédrale de Paris portait une flèche au quinzième siècle. A mon avis, il y a peu de chances que le peintre ait pu inventer ça.

Note : Ce petit billet enfonce peut-être une porte largement ouverte aux yeux des connaisseurs. Même si c'est vrai, je dis : et alors ?