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mardi, 05 avril 2022

JANCOVICI ET BLAIN : PÉDAGOGIE PAR L'IMAGE

La grande force du bouquin de l'ingénieur Jean-Marc Jancovici et du dessinateur Christophe Blain (Le Monde sans fin, Dargaud, 2021), c'est qu'il permet de visualiser les questions plutôt abstraites posées par le réchauffement climatique. Je dis "abstraites" à cause de la quasi-invisibilité du processus en cours du fait de l'extrême lenteur qui le rend imperceptible à nos sens.

Un exemple : on nous rebat les oreilles avec les nuisances des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). En deux images, les auteurs nous mettent sous le nez la raison pour laquelle nous avons le plus grand mal à admettre l'énormité du problème.

Un : le pétrole comme carburant. Pas la peine, je crois, de revenir ou d'insister sur la constante augmentation de la consommation de charbon par une humanité toujours plus gourmande en électricité. Ici, il s'agit des machines de taille plus ou moins imposante, qui décuplent, centuplent, milluplent, cent-milluplent la puissance d'un individu, et qui ne sauraient se passer de pétrole.

Jancovici et Blain nous proposent pour bien visualiser la chose la figure d'IRONMAN, exosquelette mécanique qui permet de creuser les profondeurs du sol, de raser des forêts en un tour de main, de transporter gens et marchandises au bout du monde, et autres facilités offertes à chacun de nous. Nous sommes tous, de gré ou de force, des IRONMEN.

P. 44 IRONMAN.jpg

Deux : le pétrole comme matière première. Nous n'y pensons pas en permanence, mais sans le pétrole et ses multiples transformations par les soins de l'industrie chimique, combien de nos objets familiers faudrait-il supprimer ? Jancovici et Blain s'amusent ici à extraire du logement tous les objets dans la fabrication desquels le pétrole entre. La réponse arrive vite : ça ressemblerait à du nettoyage par le vide. Voyez plutôt.

P. 78.jpg

Le pétrole, que ce soit comme carburant ou comme matière première, s'est peu à peu immiscé, au fur et à mesure  que la chimie inventait de nouvelles formules et de nouveaux usages, dans les moindres recoins de nos existences, dans les moindres interstices de nos gestes et de nos besoins.

***

Alors sérieusement, vous pensez que l'humanité est en mesure de se passer, de se priver de tout ce qui fait aujourd'hui son décor, son confort ? Qu'est-ce que ça peut bien signifier, "prendre conscience de la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique", si cela ne marque pas la volonté, le courage, la décision de jeter tous ces objets à la poubelle ? L'enjeu, il est là et pas ailleurs. Ceci admis, il est aisé de calculer le pourcentage de chances qui s'offre à l'humanité d'atteindre, ou même d'approcher ce noble objectif. 

Bien entendu, je ne voudrais démoraliser personne.

Voilà ce que je dis, moi. 

Note : J'apprends ce matin que le G.I.E.C., vous savez, ce collectif de scientifiques qui reste pendu au signal d'alarme depuis des années, vient de publier un nouveau rapport. Il nous donne jusqu'à 2025 pour inverser la tendance. A l'extrême rigueur, on pourrait fixer 2030 comme date butoir. A votre avis, quel pourcentage de chances ?

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