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jeudi, 11 novembre 2021

11 NOVEMBRE : UN MONUMENT AUX CHEVAUX MORTS

HOMMAGE DE 600 SOLDATS AMÉRICAINS AUX 8 MILLIONS DE CHEVAUX TUÉS PENDANT LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE.

SOLDATS AMERICAINS AUX 8MILLIONS CHEVAUX 14-18.jpg

J'arrive à déchiffrer : « 600 Officers and enlisted Men of (illisible) & (illisible) Remain [?] Depot N°326 (illisible) NM ». Avis aux égyptologues.

SOLDATS AMERICAINS AUX 8MILLIONS CHEVAUX.jpg

Je trouve assez beau le monument éphémère que ces soldats américains ont élevé à ceux qui étaient pour les armées en présence au début de la guerre beaucoup plus que des outils de travail. Photo trouvée par hasard sur FB.

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On ne peut pas affirmer que, parmi les 36.000 monuments aux morts édifiés en France dans les années 1920, les animaux aient été entièrement oubliés. Mais il faut bien avouer que la figure animale est à peu près absente.

On compte bien quelques chevaux magnifiquement sculptés : celui de Bischoffsheim (Bas-Rhin) fait très "Jeanne d'Arc" ; celui de Chipilly (Somme) est très touchant, avec ce "Tommie" de la "London Division" qui entoure de ses bras le cheval blessé, comme un camarade qu'il voudrait sauver ;

Chipilly 80.JPG

celui de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) opte pour une célébration héroïque de ceux qui ont combattu, et quand on voit l'interminable liste des noms des morts, on l'admet aisément ; je mentionne encore Lunéville (Meurthe-et-Moselle), Saumur (Maine-et-Loire) évidemment, Senlis (Oise) et Tourcoing (Nord). J'en oublie fort peu, je crois.

Reconnaissez que ça ne fait pas lourd dans la balance, vu la charge de travail qui a incombé à nos équidés préférés, au moins dans la première partie de la guerre, avant la grande mécanisation de la tuerie collective, quand la cavalerie et l'artillerie en faisaient grand usage. Bon, c'est vrai qu'il faut prendre en compte le coût qu'a représenté pour des communes pauvres l'érection d'un monument, raison pour laquelle on trouve le plus souvent de simples obélisques de pierre pour porter modestement et fièrement les noms des morts. 

Je précise qu'il n'existe pas, à ma connaissance, de pierre laissée nue autour des noms gravés. On trouve toujours tel ou tel motif "honorifique", palme, croix de guerre, coq, casque, urne, etc., en ronde-bosse ou en haut- ou bas-relief.

On ne comprend guère l'irruption du lion sur quelques monuments : Haybes, mais aussi Rocroi (Ardennes), Witry-les-Reims (Marne), Mondeville-La-Ferté-Alais (Essonne), Norroy-le-Veneur (Moselle) et sans doute quelques autres communes plus soucieuses d'exaltation métaphorique que de réalisme historique. Je n'en montre pas.

En revanche, je trouve carrément injuste l'effacement quasi-total du chien. D'autant que ce n'est pas pour fait de guerre que certains sont présents, comme on le voit à Saint-Etienne-sur-Argence (Aveyron), où le brave chien lève vers son maître un museau interrogateur, pendant que vole au vent la cape du berger venu s'incliner sur le souvenir d'un père, d'un frère, d'un ami.

STE GENEVIEVE S ARGENCE 12.JPG

De très rares communes sauvent l'honneur en rendant au poilu de pierre ou de bronze un compagnon fidèle : celui de Sainte-Menehould (Marne) veille au côté de la sentinelle frigorifiée ;

STE MENEHOULD 51.JPG

celui de Pagny-sur-Moselle (Meurthe-et-Moselle) n'a pas peur des balles qui sifflent, dressé stoïque au côté du combattant à demi camouflé dans un repli de terrain.

MONUCHIENMORT.jpg

Voilà, sans prétendre à l'exhaustivité, c'est à peu près tout ce que j'ai trouvé. 

Je ferai encore un petit tour par Bruxelles, où l'on trouve un monument "Au Pigeon Soldat" : normal dans une région qui fut et demeure de colombophilie furieuse (je connais l'un de ces furieux : c'est son grand-père qui lui a collé la maladie) ;

AU PIGEON SOLDAT BRUXELLES.jpg

et par la Grande-Bretagne, seul pays à ma connaissance à avoir élevé aux animaux des Première et Deuxième Guerres Mondiales un monument digne de ce nom : Animals in War : They Had No Choice (Ils n'eurent pas le choix). Je trouve que ça a de la gueule.

ANIMALS IN WAR.JPG

Pour finir, il semblerait que certains se soient un peu agités en 2018 autour d'un projet de monument exclusivement dédié à la grande boucherie animale que fut la Grande Guerre. Je ne sais pas si l'affaire a évolué, en tout cas un doute me vient quant aux motivations profondes des initiateurs du projet : sont-ils de ces défenseurs des animaux qui veillent farouchement sur les conditions que la modernité industrielle réserve à nos "frères inférieurs" ?

Si ceux qui manifestent pour que Paris ait enfin un monument célébrant l'action des animaux pendant la guerre de 14-18 appartiennent à la famille biscornue et bigarrée où se retrouvent des végans, des anti-chasse, des anti-corrida, L-214 et autres allumés du bulbe, j'espère que le monument ne verra jamais le jour. Pourquoi ? Tout simplement parce que, comme dans d'autres situations (suivez mon regard), ça reposerait sur la culpabilité et la demande de pardon. Cette seule idée m'est insupportable.

Voilà ce que je dis, moi.

***

Note : s'agissant de la présence des animaux sur les champs de bataille de la guerre de 14-18, je ne peux passer sous silence l'extraordinaire aventure vécue par le chien Stubby, arrivé clandestinement des Etats-Unis dans les bagages du soldat John Robert Conroy.

CHIEN DECORATIONS.jpeg

Stubby a passé dix-huit mois de guerre sur le front, dix-sept batailles, quatre offensives, dans les rangs de la 26ème division d'infanterie (102ème régiment), excepté le temps de guérir une blessure par éclat de grenade, où il rendait le moral aux autres blessés. Des femmes de Château-Thierry lui ont confectionné un manteau de chamois où s'accrochent les nombreuses médailles décernées par les autorités militaires. C'est pour avoir démasqué un espion allemand qu'il a été nommé sergent par le commandant. Il est mort en 1926. Sa dépouille est conservée naturalisée dans un musée. Source : encyclopédie en ligne. Chapeau, sergent Stubby !!!