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jeudi, 02 août 2018

MEMBRA JESU NOSTRI


Désolé, M. Gardiner (John Elliott pour les intimes), mais votre version de cette oeuvre deBUXTEHUDE GARDINER.jpg Dietrich Buxtehude m'ennuie terriblement : je la trouve cérébrale, compassée, triste et guindée, malgré le jugement GUIDE 1993.jpgdithyrambique du Guide de la musique ancienne et baroque (Robert Laffont, 1993). Je n'ai pas écouté la version que donne Ton Koopman, classée deuxième. Ma version à moi est celle de René Jacobs, relégué en troisième position par le commentateur. Son jugement péremptoire, qui considère l'approche de ce chef comme « vraiment piétiste », apparaît assez couillon et surtout très mal informé : il aurait dû consulter un dictionnaire.

BUXTEHUDE JACOBS.jpg

En effet, le Grand Robert définit le "piétiste" : « Membre d'une secte luthérienne (d'abord réunie en "collège de piété") fondée par le pasteur Spener (1635-1705), dont l'ouvrage Pia desideria insistait sur la nécessité de la piété personnelle et du sentiment religieux plus que sur la stricte orthodoxie doctrinale ». Je me suis demandé si le niaiseux (un certain Jean-Charles Hoffelé, il paraît que ce n'est pas n'importe qui dans le milieu) n'a pas, tout simplement, confondu "piétiste" et "sulpicien". 

Bon, il a dû se laisser impressionner par le propos liminaire d'un certain Roger Tellart, qui évoque « la ferveur et le dolorisme piétiste » de l'œuvre du maître de Lübeck. Quoi qu'il en soit, Jacobs enrobe l'œuvre de Dietrich Buxtehude dans l'atmosphère d'une telle sensualité que, pour un peu, ces sept lamentations donneraient envie de mourir à la façon du Christ, tant la mort y est présentée comme suave. Je ne savais pas que les luthériens de l'époque se laissaient guider par la sensualité, et je ne comprends pas de quel genre de "piété" il peut s'agir à l'écoute de cette version très charnelle. Bon, il est aussi possible que cette opinion vienne de ce que les subtilités des questions théologiques ne sont pas vraiment ma tasse de thé. Reste que la façon dont René Jacobs dirige son "Concerto vocale" (solistes et instrumentistes) me plonge d'un bout à l'autre dans un bain que je ne peux qualifier autrement que de sublime. Sublime à vous donner la chair de poule.

Il va de soi, j'espère, que toute idée de foi chrétienne est tout à fait étrangère aux menues considérations ci-dessus.