jeudi, 28 juin 2012
C'EST RESTE SUR PLACE
MILLE REGRETS. Ce qui suit devait s'intercaler entre les deux billets précédents. Ce serait dommage que ça passe à la trappe. Cela va demander un petit effort, mais l'histoire est trop sympa. Vous allez voir.
Résumé : il n’y a pas que le dopage, dans la vie. Il y a les histoires de vélo, et PAUL FOURNEL, ça, il sait faire. Voici les deux meilleures de son bouquin Les Athlètes dans leur tête.
J’arrive au « Sur-place », une petite merveille de moins de cinq pages, parce que ça sent son souvenir d’enfance. Cela ressemble furieusement à une anecdote véridique. En tout cas, je ne peux pas l’imaginer autrement. C’était au temps où il y avait un vélodrome à Saint-Etienne, mais on savait qu’il devait être détruit. Restent en lice JACQUES ANQUETIL, FAUSTO COPPI et ROGER RIVIERE, sortes de vedettes, qui vont s’affronter « deux par deux en poursuite et en vitesse ». Le public vote à fond pour le dernier, qui est enfant du pays.
Le gamin qui raconte (devinez si c’est PAUL FOURNEL) est dans la loge réservée par son père, où « une dame » était là, comme si elle était chez elle, juste au bord de la piste. Les athlètes s’échauffent. RIVIERE fait une pause juste devant la dame, « et agrippa le rebord de la balustrade, devant mon nez. Il portait des gants sans doigts avec le dessus tricoté. La dame posa sa main sur la main de Rivière, lui sourit, et dit à mon intention : – C’est mon garçon à moi. Je fus surpris par son très fort accent stéphanois ». On apprend que la portion bleue et plane en bas de la piste s’appelle la « Méditerranée ».
COPPI et RIVIERE se mesurent ensuite et cherchent la meilleure manière de surprendre l’adversaire pour « emballer » l’épreuve dans la partie finale. Je passe sur les détails. RIVIERE décide d’infliger un « sur-place » à COPPI, et s’immobilise juste devant la loge : « J’aurais presque pu ne pas le reconnaître tant son visage s’était transformé depuis le début du match. Il me paraissait beaucoup plus vieux que mon père maintenant.
Sa mère avança alors les fesses jusqu’au bord extrême de sa chaise et elle posa très doucement la main sur le cuissard de son fils. Elle tremblait.
– Ça ne fait rien si tu ne gagnes pas, murmura-t-elle avec une voix de maman triste, mais va pas te tomber …
Coppi n’en profita même pas pour plonger ». On n’en saura pas plus : c’est le dernier mot de l’histoire. Qui a gagné ? Qu’est-ce que ça peut faire ? L’histoire a été racontée, et la course n’était pas l’essentiel. Bref, j’espère que vous comprenez pourquoi je vois là de la littérature.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0)
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