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dimanche, 31 juillet 2011

DE LA PROPRETE DANS LE TOUR DE FRANCE (2)

Le récit que fait WILLY VOET de son passage de la frontière belge en 1998 est réjouissant : les douaniers le font déshabiller, et il a beau finir par planquer dans son slip son flacon de « pot belge » (un gentil cocktail : amphétamines, cocaïne, caféine, antalgiques, héroïne, morphine), le pot aux roses est découvert. Ainsi commence l’affaire Festina, avec la désormais immortelle phrase de RICHARD VIRENQUE, qui s’était retrouvé dopé « à l’insu de son plein gré ».

 

 

Et voilà tous les responsables, y compris politiques, mués en chevaliers blancs. Cela devient le refrain à la mode : il faut en finir. L’U. C. I. le jure la main sur le cœur. Madame BUFFET, ministre, met en place l’A. F. L. D. Ça va saigner chez les tricheurs. Vous allez voir ce que vous allez voir. Et c’est vrai que c’est dans le cyclisme que les contrôles sont les plus nombreux, mais curieusement, les cas de dopage avéré sont extrêmement rares. Vous avez dit bizarre ?

 

 

En face de l’OMERTA qui règne chez tous ceux qui se nourrissent du Tour et leurs dénégations outragées, quand ce n’est pas l’enthousiasme lyrique qui leur fait déclarer qu’aujourd’hui le cyclisme n’a jamais été aussi « propre », il reste pas mal de sceptiques, mais on n’a aucune preuve. Et ça c’est bien embêtant, l’absence de preuve.

 

 

Eh bien si ! Des preuves, il y en a ! Et scientifiques, s’il vous plaît ! Et cela fait des années qu’un monsieur les administre, patiemment, avec ténacité. Ce monsieur s’appelle ANTOINE VAYER. Alors attention, je n’y connais rien en physique (ni en mathématiques, qu’on se rassure), et je suis incapable de reproduire ici les formules et les calculs qu’ANTOINE VAYER a mis au point. Mais c’est absolument imparable.

 

 

En gros, ce professeur d’E. P. S. et ancien entraîneur de l’équipe Festina se fiche complètement des analyses d’urine ou de sang, parce que, dit-il, les coureurs savent parfaitement contourner les contrôles. Comment fait-il, alors ? Eh bien il mesure en watts la puissance développée par un coureur par rapport à son poids et à sa vitesse (et plusieurs autres données). Il calcule par exemple sa capacité respiratoire (alias VO2 max, en millilitres d’air par minute et par kilo ; le chiffre qui commence à prouver le dopage se situe à 85 de VO2 max).

 

 

 Dès lors, pour savoir si le cycliste est ou non dopé, il suffit de comparer sa performance avec la grille établie par ANTOINE VAYER. A partir de 410 watts, c’est le dopage avéré. A 430, c’est le dopage « miracle ». A 450, c’est le dopage « mutant ». C’est bien, les chiffres : c’est neutre. Et tout ça découle d’un calcul. Ici, personne ne peut être accusé de vouloir la fin du Tour.

 

 

Qu’est-ce qu’il dit, ANTOINE VAYER ? HORNER, à Mûr-de-Bretagne, développe « 453 watts pendant 4’16’’ dans la côte finale », c’est-à-dire un VO2 max de 87,5. Mais HORNER « s’est cassé le nez derrière huit coureurs "anaérobies" plus puissants à 515 watts » (cinq cent quinze !) ; « ils auraient au-delà de 95 » de VO2 max. Il voit 80 coureurs qui montent allègrement le col de la Croix à 393 watts, et il s’étonne. Il juge que « JEAN-CHRISTOPHE PERAUD, 27ème au classement général le 11 juillet, est peut-être le "vrai" maillot jaune », derrière 26 tricheurs.

 

 

« C’est 23 coureurs à 31 km/h de moyenne dans la pente finale de Super-Besse à 5,75 % de dénivelée, derrière Rui Costa, le vainqueur qui revient d’une suspension pour usage de Méthylhexanamine. C’est une foultitude d’Eddy Merckx côté potentiel athlétique qui mène la bande 2011 à 41,32 km/h de moyenne horaire après neuf étapes (quel cru !). ».

 

 

Tout ça, c’est mieux que les grandes déclarations, d’où qu’elles viennent, n’est-ce pas ? Dans le milieu, peu nombreux sont ceux qui apprécient ANTOINE VAYER. La preuve, c’est qu’on le trouve sur internet, et pas forcément pour son bien.

 

 

 

 

 

 

samedi, 30 juillet 2011

DE LA PROPRETE DANS LE TOUR DE FRANCE

Le Tour de France est enfin fini. Ils ont fini par visiter « la plus belle avenue du monde », qu’on se le dise.

 

 

C’est génial, le Tour de France : c’est une vraie légende, c’est entendu. Depuis 1903 exactement. Au passage, je signale que, si une étape de 250 km est considérée aujourd’hui comme quasiment inhumaine, les cyclistes de 1903 étaient des surhommes. Pensez : seulement six étapes, dont la première, Montgeron – Lyon, fait 471 km. Et les vélos n’étaient pas les mêmes : plus de onze kilos (aujourd’hui, moins de sept).

 

 

Alors la légende, il y a ceux qui la font vivre, qui la propagent et la perpétuent. Ceux-ci se divisent deux groupes : les gros lards qui mangent leur casse-croûte sur le bord de la route, autrement dit les spectateurs, on pourrait aussi bien dire les « croyants » : ils vont comme à la messe. Les autres, ce sont tous ceux qui ont intérêt à ce que la légende perdure et se renforce : organisateurs, journalistes sportifs, cyclistes. Car plus elle perdure, plus ça leur rapporte.

 

 

Et puis il y a ceux qui ne peuvent pas supporter la farce de cet héroïsme en mie de pain, et qui se postent dans la côte du col des Montets pour que les coureurs aient bien le temps d’entendre les injures qu’ils leur décochent, au risque de prendre des coups de la part des fanatiques rangés le long de la route. C’est évidemment au dopage que je pense.

 

 

Alors, dopés ou pas dopés, les coureurs ? La réponse est claire : dopés, mon général ! Et CABU a raison de les dessiner avec plusieurs seringues plantées dans le dos. Et cela dès les débuts de la compétition. Les frères PELISSIER donnent la recette du « pot belge » au journaliste ALBERT LONDRES dès les années 1920. Son livre Les Forçats de la route paraît en 1924. Il paraît même qu’on utilisait un mélange à base de café et de strychnine (poison de formule C21 H22 N2 O2, stimulant à très faible dose).

 

 

Et pendant un demi-siècle, il valait mieux ne pas crier trop fort que le dopage était une honte : une nette majorité de gens était favorable à l’usage de substances capables d’ « aider » le sportif. DE GAULLE lui-même s’en fichait éperdument. La seule chose qui comptait pour lui, c’était la Marseillaise à l’arrivée. JACQUES ANQUETIL disait : « Laissez-moi tranquille. Tout le monde se dope. Pour savoir si je me dope, il suffit de regarder mes fesses et mes cuisses : de véritables écumoires. ». C’est à se demander pourquoi, aujourd’hui, le dopage est devenu un scandale inadmissible. Et punissable.

 

 

Allez, je m’offre une petite parenthèse sur JACQUES ANQUETIL, le crack des cracks. « Le crack », c’est le titre d’une délicieuse petite nouvelle qu’on trouve dans Les Athlètes dans leur tête, de PAUL FOURNEL (éditions Ramsay, 1988). L’action se passe à Yssingeaux. On est dans les critériums d’après Tour, « ces épuisantes et lucratives balades ».

 

 

Mais quelque chose cloche. « Il était livide, les yeux bordés de noir, les lèvres blanches. » L’équipier est aussi catastrophé que les organisateurs : « le grand Jacques », dans cet état pitoyable ! Lamentable ! Il est convenu que Jacques abandonnera discrètement, conduit par lui jusqu’à son hôtel. Il n’a jamais tant transpiré. Il vacille sur son vélo. Les gars du peloton viennent à tour de rôle contempler l’épave.

 

 

Mais à 500 mètres du but fixé, « je sentis son souffle et il vint se placer à ma hauteur. Je n’oublierai jamais le regard qu’il me lança : un regard glacé, tranchant, plein. Et il me posa cette question ahurissante : T’as pas deux sucres ? ». « Bien entendu, je ne le revis qu’après l’arrivée. Il gagna le critérium après avoir offert un festival au peloton médusé. Il volait. » La conclusion n’est pas triste : « Tout le monde apprit ce jour-là que le vrai crack, c’est celui qui est capable de cuver en pédalant une cuite à coucher un bataillon. Je m’en doutais déjà. ». PAUL FOURNEL est fondu de vélo. Je ferme la parenthèse.

 

 

Suite et fin au prochain numéro.