jeudi, 25 avril 2013
LE SI DOUX VISAGE DU MAL
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Détendons-nous un moment. Montrons que nous savons profiter des bons moments que nous offre l'existence. Faisons une petite pause et sortons en récréation. Ça nous changera un peu. Prenons le temps, puisque nous sommes dans la nature, de nous pencher sur le merveilleux monde des petites bêtes, sur cet univers chaleureux dont notre monde mécanique et bétonné est si dramatiquement dénué, sur ces adorables petits animaux de compagnie, qui nous donnent, jour après jour, une affection qu’ils ne songent jamais à mesurer, et dont ils n'attendent nulle contrepartie.
UNE JOLIE DAME PROMÈNE SES ANIMAUX DE COMPAGNIE
Penchons-nous sur l’existence des poux en général, et sur une catégorie particulièrement attachante de ces bestioles :
j'ai nommé le MORPION.
Morpion : Le morpion (phtirius pubis) est un hémiptère dégradé de la famille des pédiculidés, court et ramassé, avec de fortes pattes terminées par des griffes puissantes. Il vit sur la peau où il se cramponne à l’aide de ses griffes, enfonçant son suçoir profondément dans la peau. Chez les individus sales, il pullule, gagne les poils de la poitrine, s’implante dans la barbe et jusque dans les sourcils, mais il ne vit jamais sur le cuir chevelu. Ses œufs, allongés en poire, sont fixés aux poils par un liquide gomineux. On détruit ces parasites avec des lotions de sublimé corrosif très étendues, traitement préférables aux onctions mercurielles (onguent napolitain et onguent gris). (Nouveau Larousse Illustré, édition de 1897-1903.)
On aura noté que le mot "pubis" n'apparaît que sous son aspect latin, et que sa signification pileuse et basse est tout platement et uniment effacée. On aura aussi noté que le morpion, au moins en apparence, dédaigne d'infester l'anatomie féminine, injustice profonde que la photo ci-dessus contredit avec bonheur. On aura enfin noté les préoccupations hautement hygiénistes des auteurs, qui se sont engagés dans une saine lutte pour la généralisation des salles de bains.
Tout ce qui s'appelle Larousse se fait, il est vrai, une idée tout à fait majestueuse de la pudeur, qu'il s'en voudrait d'effaroucher en venant à effleurer ses parties intimes. Mais comme ce blog ne se préoccupe que de vraie science, il est de notre devoir de compléter notre documentation en nous tournant vers de véritables autorités en la matière : les médecins.
Pou (s. m., pl. poux, du lat. pedis ; angl. louse, lice) : Insecte aptère, hématophage, parasite de l’homme. Il en existe trois espèces : Pediculus capitis, pou de tête, Pediculus corporis, pou de corps et Phtirius inguinalis, le pou de pubis ou morpion, de forme plus ramassée. Le pou détermine une dermatose prurigineuse, appelée pédiculose ou phtiriase (v. ce terme), et peut d’autre part transmettre diverses maladies infectieuses : le typhus exanthématique, la fièvre Q, la fièvre récurrente cosmopolite et la fièvre des tranchées. (Garnier & Delamare, Dictionnaire des termes de médecine, 29ème édition, 2006.)
Après avoir noté que le morpion a changé de famille, passant de celle des hémiptères à celle des aptères (« Un peu de science éloigne de l'absolu, beaucoup de science en rapproche »), achevons notre petit tour de petit horizon en nous interrogeant sur un des principaux bienfaits que nous procure le pou en général, et le morpion en particulier.
Phtiriase (s. f., gr. phtheir, φθειρ, pou ; angl. phthiriasis). Dermatose prurigineuse provoquée par la présence, sur une partie du corps ou sur toute sa surface, d’un grand nombre de parasites appartenant à l’une des trois espèces de poux, Pthirius inguinalis ou Phtirius pubis, le pou du pubis ou morpion.
Voilà, Madame, voilà, Monsieur, en quelques mots, un panorama de ce que sont en mesure d’apporter à l’espèce humaine, si souvent et si profondément coupée de ses origines, les petits coins de nature qui subsistent encore tout près de nous, pourvu que nous apprenions à les apercevoir, à les apprécier et à leur faire une place dans notre vie quotidienne. Disons merci au morpion, et entonnons cet hymne impérissable que tous nous chantâmes, entre jadis et naguère :
« De profundis, morpionibus … ».
Rendons à César ce qui est à César, et au morpion ce qui est à tout le monde.
Voilà ce que je dis, moi.
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