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lundi, 10 janvier 2022

RACHMANINOV : UN PLAGIAT ?

Ce dimanche 9 janvier 2022, voilà-t-il pas que j'entends le début d'une émission de France Musique que je n'écoute jamais (c'est le dimanche, c'est l'heure de la sieste, et puis on n'est pas obligé). Et qu'est-ce qu'il passe comme disques, le Jean-Yves Larrouturou qui cornaque le créneau ? Des enregistrements de la musique de Clara Wieck-Schumann. J'adore les compositions de Clara Schumann, mais qu'est-ce qu'il a besoin de rattacher son programme à la lutte des femmes ? Il y a là pour moi quelque chose d'incompréhensible : en quel honneur des œuvres d'art devraient-elles être mises au service de causes que leurs créateurs n'ont pas songé un instant à promouvoir ou à défendre ? Passons sur le stéréotype féministe en vigueur.

Il s'agit de la Ballade opus 6 n°4 jouée par Marie-Josèphe Jude, mais je n'ai pas entendu l'annonce du morceau. Je me dis : ça c'est du Rachmaninov, nom de Zeus !!! Et puis je file dans mes CD du Russe, j'essaie avec les Etudes-Tableaux par Nicholas Angelich : chou-blanc ! Je me rabats sur les Préludes par Abdel Rahman El Bacha : Bingo !!! A la première plage. Je n'en demandais pas tant. Il s'agit de l'opus 3 n°2. Si l'on excepte les deux-trois accords d'intro de Rachmaninov, les mesures initiales sont quasiment identiques. Je vous laisse écouter les deux pour comparer, mais je ne serais pas étonné qu'on me dise que Rachmaninov a purement et simplement plagié la compositrice, au moins dans le début de l'œuvre. Cette magique succession d'accords qui m'ont tenu compagnie durant des insomnies entières, se pourrait-il que ? Je suis peut-être le dernier des derniers à découvrir ça. Et alors ?

 


 

Bon, c'est sûr et vrai qu'après avoir écouté les deux pièces, on est obligé de reconnaître que, même si les premières mesures sont un peu "copie-conforme", les deux univers n'ont finalement pas grand-chose à voir, et que ce qu'on peut appeler poésie dans l'œuvre de Clara Schumann devient recherche de la virtuosité dans celle de cet authentique maître du piano qu'était Sergeï Rachmaninov (en quoi Clara Schumann n'avait rien à lui envier, à ce qu'on dit). N'empêche que ça fait drôle. Faut-il que j'aie été marqué par le père Rachmaninov (ça a commencé il y a très-trop longtemps avec son concerto n°2 par Léonard Pennario et je ne sais plus quel orchestre ou quel chef - peut-être Vladimir Golschmann, en tout cas c'était sur le Teppaz du 39 cours de la Liberté) pour mettre le doigt sur l'emprunt qu'il a fait à la talentueuse Clara Wieck-Schumann tant célébrée par les cohortes musico-féministes.

Voilà ce que je dis, moi.