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vendredi, 21 mars 2014

34 BALZAC : LES PROSCRITS (1831)

Voici une des moyenâgeries de La Comédie humaine. On est en 1308 à Paris. Un sergent nommé Tirechair habite, grâce à quelques services rendus à « messieurs du chapitre Notre-Dame ». Sa femme Jacqueline blanchit le linge de la cathédrale, et reçoit depuis quelque temps une apprentie, jeune et jolie femme qui a ceci de spécial que c’est elle qui donne une pièce d’or à sa patronne quand elle s’en va. Tiens donc ?

 

C’est qu’elle donne l’impression de guigner le joli jeune homme nommé Godefroid, qui loue une chambre à l’étage. Le sergent trouve même ça suspect. L’autre chambre est occupée par un vieillard. Le vieux et le jeune sortent tous les jours pour se rendre dans l’une des plus fameuses école de théologie de Paris, où Sigier professe un enseignement de la plus haute renommée, dans le détail duquel je me garderai d’entrer.

 

Le professeur semble avoir une grande estime pour le vieillard et, sa conférence terminée, les deux se congratulent. Pendant ce temps, l’ « apprentie » dévoile sa véritable identité : elle est la comtesse Mahaut, elle leur demande d’honorer le vieillard (qu’elle a vu chez le roi) qu’ils commençaient à tenir pour un sorcier, et de tenir leur langue s’ils tiennent à la vie. Ils en restent pantois.

 

Le vieillard et le jeune homme échangent des propos : ils sont tous deux des exilés, tous deux désireux de revoir leur patrie. Celle du vieux est loin là-bas vers le sud. Mais le lieu que le jeune désigne pour la sienne est tout simplement le Ciel. Il se croit un ange tombé sur la terre, « banni du ciel ». Plutôt étrange, non ?

 

Peu de temps après le retour dans leur chambre, le vieux entend un choc chez son voisin. C’est Godefroid qui a voulu se pendre pour rejoindre le Ciel, mais qui a accroché la corde à un clou mal planté. Après avoir confessé ses attentes, le jeune se fait chapitrer par le vieillard, qui se met à lui raconter un voyage qu’il a fait, guidé par un homme sublime, jusqu’au paradis où l’attendait l’âme de la jeune fille qui occupait alors toutes ses pensées (on reconnaît le schéma d’un poème mondialement connu).

 

Sur ces entrefaites, arrive une troupe de cavaliers. Ils viennent annoncer au vieillard que son exil est fini et qu’il peut rentrer à Florence, sa patrie. En effet, les blancs ont triomphé. Il n’en faut pas davantage à la comtesse Mahaut pour déclarer au jeune Godefroid qu’elle peut enfin le reconnaître pour son fils et qu’il est mis sous la protection du roi de France.

 

Et pendant que la mère et le fils s’étreignent, le vieillard, qui n’est autre que l’immense Dante Alighieri qui, en dehors d’avoir écrit La Divine comédie, faisait partie des Gibelins, saute sur un cheval et s’enfuit avec ses compagnons en criant : « Mort aux Guelfes ».

 

Je regrette de ne pas être entré dans les hautes considérations théologiques, qui forment pourtant le cœur de la nouvelle. J’ai bien du mal avec tout ça. Je ne peux pas faire le geste de Balzac disant, en désignant sa tête : « J'ai tout un monde, là-dedans ! ». C’est sans doute une infirmité. C’est ainsi.

 

Voilà ce que je dis, moi. 

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