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dimanche, 28 avril 2013

UN CHEF D'OEUVRE DE LA BD

 

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SILENCE EST-IL VRAIMENT MUET ? BLANCHE-NEIGE VEUT EN AVOIR LE COEUR NET. 

 

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A propos de Bien et de Mal, j'ai envie aujourd'hui de parler d'une BD où les deux frères ennemis s'affrontent en un combat terrible et violent. En même temps, je voudrais rendre hommage à une sorte de génie de ce que certains, soucieux de reconnaissance officielle (en attendant peut-être la Légion d'Honneur) appellent emphatiquement le 9ème art : il s'appelle DIDIER COMÈS.

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ENTRE SILENCE ET LA SORCIERE, C'EST LE GRAND AMOUR

Sale temps pour la planète BD. J’ai récemment parlé de Fred, mort le 2 avril, le grand Fred, le père de Philémon. J’ai le tort d’avoir passé sous silence (c’est le mot exact, comme on verra) la mort de Didier Comès, survenue pourtant un mois avant (le 7 mars). C’est sûr que Comès, en regard du phénomène Philémon, dispose d’une surface médiatique nettement plus restreinte. 

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LIBÉRATION DU 8 MARS

La différence est grande. D’abord par le fait que Didier Comès n’a jamais imaginé un héros de série. Fred non plus, au départ, n’avait pas fait Philémon pour exploiter un filon. Il le dit dans la biographie que lui a consacrée Marie-Ange Guillaume :

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"LA MOUCHE" EN VOIT, DES ARAIGNEES

« Quand tu fais Le Naufragé du A, tu sais déjà que tu m’emmèneras dans d’autres albums ? – Pas du tout ! J’aimais bien ton personnage, mais je ne pensais pas aller si loin avec toi. C’est grâce à un petit lecteur de dix ans que j’ai continué. Il m’a écrit une lettre où il me demandait : ″ Monsieur Fred, pourquoi Barthélémy le ″puisateur″ (sic) n’est pas remonté du A de l’Atlantique à la fin de votre histoire ? ». Ça m’a donné envie de t’envoyer chercher le ″puisateur″ » (p. 100). Il faut comprendre que c’est Philémon qui s’adresse à Fred. On peut ne pas apprécier le procédé.

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L'EVASION DE BLANCHE-NEIGE ET SILENCE 

C’est vrai aussi que Comès avait démarré une série, avec son Ergün l’errant, bien dans la veine d’un fantastique qui se faisait beaucoup à l’époque, mais après le deuxième épisode, il a laissé tomber. Peut-être que ça l’assommait, peut-être qu’il avait déjà ses autres idées en tête – et quelles idées ! – (série reprise ensuite pas Benoît Peeters et Deubelbeiss, mais dans un tout autre esprit). Le Maître des ténèbres laissait libre cours à un dessin virtuose et somptueux, mais envahi par une surcharge baroque étouffante.

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"LA MOUCHE" DANS LA CAMPAGNE 

L’idée même de série, de toute façon, n’est pas évidente. Car même dans la série Philémon, j’ai honte de l’avouer, je trouve qu’il y a à boire et à manger, et que certains épisodes (en allant vers les derniers) sont moins, disons pour rester gentil, « inspirés ». Il y aurait beaucoup à dire, mais ce sera pour une autre fois. 

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JULIO, DIRECTEUR DU CIRQUE DE LA GAIETÉ

Non, si une seule œuvre suffisait pour que le nom de Didier Comès restât inscrit en lettres de feu au firmament de la bande dessinée (ça c’est pour montrer qu’aucune image à la noix, aucun stéréotype éculé n’est hors de ma portée), ce serait Silence. J’ai suivi Comès quand il a fait La Belette, j’ai eu plus de mal ensuite, peut-être parce que ça devenait un peu compliqué. Il ne faut pas confondre "complexe" et "compliqué". Moi, j'aime qu'on reste simple, surtout dans le complexe.

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ZELDA, LA NAINE MONTREUSE DE SERPENTS

Silence, dans son genre, est un livre insurpassable, unique. Dans un autre domaine, qu’est-ce qu’une chanson réussie ? Une certaine adéquation entre la poésie d'un texte et les moyens musicaux qui la mettent en scène. Dans la bande dessinée, c’est exactement le même problème : il faut que les moyens mis en oeuvre épousent étroitement l'esprit de ce qui est raconté. Avec Silence, Didier Comès a magistralement résolu l’équation : les moyens dont il se sert pour raconter son histoire entrent avec celle-ci dans une adéquation miraculeuse.

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LA MAISON DE LA SORCIERE

Les moyens ? Un noir et blanc épais, violemment contrasté, zébré de traits posés à la pointe de l’épée. A l’arrivée, un roman brutal, primitif. Aussi primitif que la communauté rurale dans laquelle l'action est censée se situer.

 

Voilà ce que je dis, moi.  

 

 

 

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